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Ma Yougoslavie
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4 avril 2013

La Croatie dans l'Union Européenne

cro ue

 

La Croatie, futur membre de seconde zone de l’Union europénne ?

 

La Croatie va rejoindre l’UE le 1er juillet 2013, mais le pays est encore loin de respecter toutes les normes européennes en terme d’indépendance de la justice, de lutte contre la corruption ou de dérapages nationalistes. La faute n’en revient pas seulement à Zagreb : Bruxelles s’est davantage préoccupé de l’ouverture du marché que de la consolidation des institutions démocratiques. L’éditorial à contre-courant de Novosti.

Un des membres influents de la Commission des Affaires étrangères du Bundestag a récemment déclaré que le processus de ratification du traité d’adhésion de la Croatie à l’UE, en cours, ne pourra être achevé à temps qu’à une condition : que Zagreb accepte la mise en place d’un rapport semestriel sur la façon dont elle tiendra ses engagements après son intégration.

Comme on pouvait s’y attendre, cette déclaration a déclenché des réactions et interprétations diverses. Les institutions croates, en premier lieu, ont signalé qu’elles « savaient » très bien ce qu’elles avaient à faire, que le pays intègrerait l’Union le 1er juillet et qu’il n’y aurait plus de monitoring après cette date. La Commission européenne a de son côté refusé de commenter ces propos. Mais, du côté du Bundestag, ainsi que dans les rangs des eurodéputés allemand, on a pu entendre des critiques sévères contre une déclaration « honteuse ».

Maintien d’une supervision après le 1er juillet ?

Au-delà de cette question de la possible supervision semestrielle de la Croatie, il est important de noter que personne ne se pose la question de savoir ce qui se cache derrière une telle requête, qui n’est surement pas « une simple opinion personnelle ». En effet, l’idée d’imposer des conditions avant la ratification du traité d’adhésion de la Croatie, venant du Parlement du pays le plus puissant de l’UE, indique que pour certains, l’entrée de la Croatie pose problème. Voilà ce qui devrait nous inquiéter, c’est pourquoi on devrait se poser des questions et s’intéresser à ce type d’avertissements.

Il n’y a pas si longtemps que cela, le président du Bundestag lui-même affirmait que la Croatie n’était pas prête à entrer dans l’Union. Une déclaration qui avait provoqué de vives réactions. Depuis, la situation s’est calmée – provisoirement – après que Norbert Lammert a atténué ses propos, assurant que la Croatie n’était pas encore prête au moment où il les avait prononcés, mais qu’elle le serait le 1er juillet 2013. La question est donc de savoir si la Croatie a bien rempli toutes les conditions qui lui étaient imposées par le processus de négociation et si elle respecte bien tout l’acquis communautaire.

Sans aucune exagération ni mauvaise intention, on peut affirmer que n’importe quel quidam relativement informé répondrait « non » à cette question. Cela pourrait s’appliquer principalement à tous ceux qui ont eu à faire au système judiciaire croate ou à la corruption. Je ne parle pas ici des procès qui durent plus de deux décennies, ni de ceux qui se sont terminés par des verdicts impartiaux ou politiquement influencés (on aura beaucoup parlé et écrit au sujet de ces affaires), ni des scandales de corruption qui ont aussi été découverts, mais qui n’ont pas été suivi par des attaques en justice (on a déjà vu l’ancien Premier ministre et deux de ses ministres sur le bancs des accusés, c’est déjà beaucoup non ?).

Sur les autres plans non plus, la Croatie n’a pas tenu ses promesses (on imagine qu’elle n’a fait que suivre l’exemple des autres membres de l’UE récemment intégrés). Comment par exemple, interpréter, comprendre et accepter le silence du gouvernement face aux scènes qui se déroulent dans les stades de foot ? Dans les stades européens les propos racistes déclenchent des tollés, mais ici, le cri « Ubij Srbina ! » (Tue le serbe) scandé en cœur, est qualifié de folklore. Là-dessus, l’Europe ne dit rien.

Nous avons une loi sur les minorités qui impose l’utilisation de deux langues officielles dans certains cas. Mais, lorsque la ville Vukovar respecte cette loi, l’État accepte de se voir insulté par des vétérans, accepte aussi de voir la minorité en question moquée et finalement refuse, face à la pression, d’appliquer ses propres lois sur son territoire. Les traumatismes des habitants de Vukovar sont immenses et toute personne saine d’esprit doit les comprendre, mais ils ne s’effaceront pas en recourant au chauvinisme. Encore une fois l’Europe ne se prononce pas.

L’ouverture du marché, la vraie préoccupation de l’UE

Nous en arrivons enfin au problème central. Il est vrai que la Croatie a beaucoup plus souffert que n’importe quel autre membre de l’UE pendant son processus d’adhésion, sans cesse rallongé. On lui a imposé des conditions beaucoup plus strictes qu’aux pays qui ont l’intégré l’UE avant elle. Mais quand il a été question de vérifier le respect de ces conditions, Bruxelles a montré plus d’intérêt à tuer l’industrie navale croate, en forçant l’État à privatiser, ou à l’ouverture du marché croate qu’au règlement des questions de fonds.

On se sera vaguement occupé des droits de l’Homme, question si chère à l’UE et aux démocraties occidentales. On aura passé sous silence les dérapages nationalistes, le révisionnisme historique qui devrait être complètement étranger à toute véritable démocratie, sans parler de la recrudescence des idées fascistes (question à laquelle l’UE doit déjà se confronter avec la Grèce et la Hongrie).

Pour qu’on puisse changer, il nous faut deux choses : du temps et de la supervision. Ajouter à cela une menace plus ou moins permanente : si vous ne faites pas ce qu’on vous a demandé, ce que vous aviez promis, vous savez ce qui vous arrivera... Mais maintenant, les institutions croates « savent » ce qui les attend : le 1er juillet, le Croatie sera le 28e membre de l’UE. Est-ce grâce à ses efforts ? En partie, sûrement. Est-ce grâce aux efforts de Bruxelles qui a décidé de notre adhésion ? Sans aucun doute.

Les commissaires européens souhaitent ajouter à leur bilan un nouveau membre. C’est la raison pour laquelle les voix telles que celle de la Commission des Affaires étrangères du Bundestag restent rares. Ces voix qui attirent l’attention sur ce que les gens raisonnables en Croatie savent parfaitement : sur certains plans, tels que la justice, la lutte contre la corruption et les autres que nous avons introduits ici, la Croatie n’atteint pas (encore) les standards européens. En guise de conclusion, une question : qui, de ceux qui attirent l’attention sur ces problèmes, ou de ceux qui refusent de le voir, œuvrent en faveur des Croates ?

 

Info NOVOSTI Traduit par Jovana Papović

 

 

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