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23 décembre 2012

Etoile Rouge – Partizan Belgrade, le derby éternel de Belgrade

Etoile Rouge – Partizan, le derby éternel de Belgrade - Football - Jelen SuperLiga

 

Plongée en Serbie au coeur d'un derby pas comme les autres. Entre l'Etoile Rouge et le Partizan, le "spectacle" n'est pas que sur le terrain.

 

Il y a 10 jours, l’Etoile Rouge de Belgrade a battu le Partizan Belgrade 8 buts à 5 avec un Denis Selfik majuscule dans les cages de Zvezda (ndlr : l’Etoile Rouge de Belgrade). Dans les tribunes, des centaines de Delije de l’Etoile Rouge et de Grobari du Partizan ont donné de la voix pour faire trembler les murs de la piscine de Tasmajdan. Oui, un derby éternel, même en water polo, une spécialité yougoslave, est un spectacle grandiose que peu de pays en dehors de la Serbie peuvent offrir en omnisports.

Le week-end dernier, l’écrin mythique du Marakana a remplacé Tasmajdan, les grands gaillards forçats du chlore, en bonnet et slips de bain, ont laissé la place à vingt-deux jeunes en crampons et maillots rayés, dont certains sont à suivre de près comme Markovic, Mijailovic ou Lazovic.

Mais soyons clairs, le derby de Belgrade ne vaut pas tant par la qualité chatoyante du jeu proposé par les acteurs sur le terrain que par le spectacle permanent offert par les supporters ennemis Delije et Grobari. Pour voir ça, des Serbes vivant à l’étranger rentrent le temps d’un week-end, des supporters de toute l’Europe se débrouillent pour en être et voir à quoi ressemble un stade où l’on peut encore, dans la pratique, faire un usage immodéré et grandiose de fumigènes et d’engins pyrotechniques.

En dehors des supporters des deux camps et des clubs eux-mêmes, le troisième acteur principal du derby n’est autre que l’intégralité ou presque des forces de police de Belgrade et même d’ailleurs. Depuis la gare jusqu’aux abords du stade, le long des lignes de tram, sur des centaines de mètres, un Robocop tous les dix mètres, puis tous les cinq mètres à mesure que l’on s’approche, jusqu’au rond-point final, bloqué au trafic. Tout droit, on monte au stade du Partizan. A gauche, direction le Marakana.

Le derby lui, a déjà commencé, d’une certaine façon, dans diverses rues de Belgrade, avec des bagarres plus ou moins importantes, des blessés, des arrestations par dizaines. Depuis le début de la saison, les incidents violents sont fréquents en Serbie, que ce soit entre groupes de supporters, autour de l’équipe nationale comme en Macédoine le mois dernier, ou même à l’intérieur des Grobari, groupe désormais scindé en deux, dans deux tribunes différentes.

Aux abords du stade, c’est relativement calme. La police serbe n’a pas tant de problème d’efficacité d’action que de chaîne de commandement. Autrement dit, lorsqu’il ne faut rien laisser passer, rien ne passe et tout le monde est prévenu, encore faut-il que l’ordre émane du plus haut niveau. Le plus haut niveau, c’est le Premier ministre, qui fête son élection avec un « boss » grobari recherché par la justice, c’est aussi son vice-Premier ministre, qui a promis de s’occuper personnellement de la situation financière catastrophique de l’Etoile Rouge, façon de rappeler qu’en Serbie, la politique et les affaires louches ne sont jamais loin de la pelouse.

Plus d’électricité

La veille du match, l’électricité a même été coupée dans le stade parce que le club, très endetté, ne règle plus ses factures. Face à l’impossibilité de résoudre la situation, l’ancien Messin Vladan Lukic a préféré démissionner de son poste de président du club, laissant la place au retour de la légende Dragan Dzajic.

Pour son retour, celui-ci a pu admirer le superbe feu d’artifice préparé par les Delije qui a accompagné l’entrée des joueurs. Les Grobari ont répondu par un craquage de fumigènes massif après l’ouverture du score du Partizan. Après un premier quart d’heure très animé, les Noir et Blanc rentrent aux vestiaires en menant 2-1. En seconde période, Zvezda joue plus haut, et attaque vers ses supporters. Il ne faut que quatre minutes à Milivojevic pour placer sa frappe en lucarne et déclencher un séisme en tribune. Pour fêter ça, et tout au long du match, les Delije exhibent et brulent des banderoles, drapeaux, t-shirts, tous présentés comme volés aux Grobaris lors des bagarres de l’après midi. Et puisque seule la victoire est belle, Milijas ajoute même un troisième but de la tête pour Zvezda.

Sur une saison, le Partizan est mieux armé et conservera encore vraisemblablement le titre cette saison, mais samedi dernier, comme l’été dernier à Bordeaux, Zvezda a montré comment se comporte un vrai champion, et c’est tout ce qu’on lui demande.

 

Article de "Loïc TREGOURES" paru sur Eurosport le 28/11/2012

 

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