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14 mai 2013

Serbie comment rentrer en politique ?

Percer au sein d’un parti quand on est jeune et idéaliste, voici un défi de taille pour les nouveaux venus de la scène politique serbe. Occuper une fonction officielle est un travail lucratif en Serbie et bien peu sont les politiciens de la génération précédente prêts à se laisser prendre leur place...

Ces dernières années, de nouvelles figures apparaissent sur la scène politique serbe. Néanmoins, peu d’entre elles occupent des postes importants, que cela soit au sein des partis politiques ou dans les institutions. Les jeunes engagés en politique affirment être animés par des motivations idéologiques, mais la plupart de ceux qui les représentent ne voient la politique que comme un tremplin pour trouver un emploi ou, plus simplement, pour réussir leur vie.

Irena Vujović, 29 ans, est députée et membre du parti au pouvoir, le Parti progressiste serbe (SNS). Engagée depuis la formation du mouvement en 2008, cette jeune économiste achève actuellement sa thèse de doctorat. Elle affirme ne pas avoir eu de doutes avant d’entrer en politique, car elle était poussée par une motivation concrète : « Je souhaite que les jeunes gens éduqués fassent des efforts pour que toute notre génération aille mieux. Il est évident que notre pays a du potentiel. Je veux apporter ma contribution au rétablissement de la Serbie ».

Le Parti libéral démocrate (LDP) cultive l’image d’un parti qui s’insurge contre les bénéfices personnels que tirent les politiciens de leur position. Čedomir Jovanović, le leader de ce parti, est lui-même entré en politique alors qu’il était dirigeant étudiant, durant les manifestations contre Slobodan Milosević, dans les années 1990.

Aujourd’hui, le président des jeunes du LDP, Đorđo Žujović, 25 ans, est étudiant en droit. Il est entré en politique à 19 ans. Đorđo Žujović affirme lui aussi ne pas avoir eu de doutes sur le choix du parti dans lequel il allait s’engager : « J’ai choisi le LDP en raison de la cohérence de ses positions. C’est le point de vue qui semblait le plus proche de mes opinions personnelles et de mon éducation. Nous pouvons aider le pays à s’en sortir sur le plan économique. Ce n’est qu’au LDP qu’il y a de la place pour les jeunes qui veulent aider au changement, avec des idées concrètes ».

À l’heure actuelle, les postes politiques importants sont occupés par des politiciens âgés d’au moins quarante ans. Il y a encore quelques années, personne n’imaginait des politiciens de moins de 50 ans à ces postes. Toutefois, ce rajeunissement ne va pas encore jusqu’aux trentenaires.

L’analyste politique Dejan Vuk Stanković estime que ce manque de renouvellement de génération est dû au fait que ce sont les mêmes personnes qui monopolisent depuis longtemps les postes les plus importants. En Serbie, la politique est une activité qui permet de faire fortune. « La politique est un tremplin qui vous assure de réussir dans tous les autres domaines. Toutes les autres professions exigent beaucoup plus de connaissances et de compétences. En politique, quand vous atteignez une place importante, vous assurez votre bien-être personnel. Les gens qui arrivent à de hautes fonctions politiques gardent le pouvoir pour eux-mêmes, sans prendre en compte l’intérêt commun ».

En Serbie, les jeunes ne sont pas bien informés sur les événements politiques, car ils pensent qu’ils ne peuvent pas influer les questions importantes. Ce manque de confiance s’explique par une méfiance à l’égard de la génération précédente. Certains études soulignent que les jeunes ne font ni confiance aux partis politiques, ni aux autorités. Le système ne fonctionne pas et personne ne trouve de travail, alors que dans le même temps, la crise économique épargne les dirigeants politiques. Ces derniers vivent très confortablement, ils achètent des maisons et des appartements très coûteux, ils voyagent vers des destinations exotiques, ils portent des costumes de grandes marques et conduisent des voitures de luxe.

Selon Dejan Vuk Stanković, il reste bien peu d’idéaux de nos jours, et peu d’idéologies sont susceptibles de motiver les jeunes. « L’Union européenne est aussi remise en question avec la crise économique. Les changements apportés par la révolution du 5 octobre 2000 ne nous ont pas permis de vivre dans une société libre. La politique est considérée comme une occupation alimentaire, comme le show-biz ou le sport. Les résultats sont rapides et faciles à obtenir ».

Pourtant, les jeunes qui entrent en politique rejettent ces critiques. Irena Vujović affirme être attiré par le SNS, à la fois pour des raisons sentimentales et objectives. « Tout est question d’idéologie. Je me suis engagé pour changer les choses et le parti m’a fait confiance. Il n’y a que le combat, le travail et la persévérance qui donnent des résultats ». Et quand on lui demande si elle se voit politicienne à l’avenir, elle répond : « j’espère que cela deviendra mon métier. Je m’efforce d’apporter des choses au Parlement et je ferais mon maximum pour rester dans les mémoires ».

Les jeunes politiciens qui occupent des postes dans les partis politiques ont fait de longues études, ils ont démontré leurs capacités dans les domaines de la gestion, de la communication et ils sont prêts à travailler dur. Leurs efforts seront évalués lors des prochaines élections.

Đorđo Žujović, du parti d’opposition LDP, affirme lui aussi vouloir rester en politique : « Pas forcément à une place importante sur l’échelle hiérarchique ou dans le parti. Je voudrais juste pouvoir être à un poste qui me permettra d’influer sur les choses. Pouvoir changer les choses serait une plus belle récompense que d’entendre mon nom dans les médias. Si vous voulez que je sois sincère, je pense qu’un jeune ne devrait pas pouvoir occuper un poste haut placé avant ses 35 ans, avant d’avoir déjà une certaine expérience ».

Les jeunes cadres des partis se retrouvent souvent en poste au sein de sociétés publiques, depuis longtemps considérées comme les banques des mouvements politiques. C’est la raison pour laquelle, après chaque élection, une des questions les plus importante est la distribution des entreprises et des institutions publiques entre les partis.

Dejan Vuk Stanković conclut qu’en Serbie, il est peu probable qu’un jeune politicien arrive au sommet du gouvernement, car cela voudrait dire qu’il aurait été capable de renverser le système : « S’il réussit, c’est avant tout parce qu’il aura accepté de jouer avec les règles qui régissent tous les partis politiques. Dans ce cas là, il atteindra une place prestigieuse au sein du parti, puis, en fonction du soutien dont il bénéficiera et de ses choix personnels, ou si vous préférez, de son courage, il pourra peut-être essayer de changer quelque chose ».

 

Article Radio Slobodna Evropa de Jovana Papović

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